Lancé en grande pompe le 1er juin dernier par Martin Hirsch, le RSA (Revenu de solidarité active) s'essoufflerait-il déjà ? Le haut-commissariat aux solidarités actives a annoncé lundi que 286.000 travailleurs modestes avaient perçu le RSA début août. Un chiffre à rapporter aux deux millions de personnes qu'il vise dans cette catégorie. Le RSA concerne également les anciens bénéficiaires du Revenu minimum d'insertion - RMI - et de l'Allocation de parents isolés - API. Le cabinet de Martin Hirsch a qualifié ce résultat de "conforme aux prévisions".
Dans son édition de lundi, le quotidien La Tribune - qui avance le chiffre 195.000 bénéficiaires - rapporte le témoignage du président CFTC de la Caisse nationale d'allocations familiales (Cnaf). "Nous constatons un démarrage lent, alors que plusieurs millions de personnes se sont connectées sur le site Internet des Caf et que deux millions d'entre elles sont allées au bout du test d'éligibilité", constate Jean-Louis Deroussen, qui évoque les craintes de contrôle du travail au noir pour expliquer ce paradoxe.
Un dispositif toujours contesté
Selon le haut-commissariat aux solidarités actives de Martin Hirsch, à la fin août, 815.000 dossiers ont été déposés par des personnes en activité souhaitant toucher le RSA. "C'est une montée en charge conforme aux prévisions", estime le haut-commissariat, qui espère "atteindre la moitié de la cible au bout de 6 mois, soit en décembre 2009". "On ne peut pas dire que c'est un dispositif qui démarre mal, il démarre progressivement", a-t-il ajouté. À terme, le cabinet de Martin Hirsch table sur 1,9 million de ménages bénéficiaires (à ajouter aux 1,1 million d'anciens titulaires du RMI et de l'Allocation de parents isolés, touchant désormais le RSA).
L'objectif de ce dispositif est de lutter contre la pauvreté. En plus de permettre un cumul revenus et allocation, il veut encourager les reprises d'emploi en garantissant aux titulaires de minima sociaux qu'ils ne perdront pas un euro s'ils retravaillent. Mais depuis l'entrée en vigueur du RSA, les critiques se multiplient. La plus fréquente concerne le risque d'une augmentation et d'une "institutionnalisation" des "petits boulots", marqués par le temps partiel et les bas salaires. Martin Hirsch a affirmé début juillet qu'il serait "vigilant" pour éviter les effets pervers, reconnaissant que du "mauvais temps partiel, ce serait une situation dans laquelle on passerait d'un emploi à plein temps à un emploi à temps partiel".