Hervé Morin et les auditeurs de France Inter
Invité politique de France Inter, Hervé Morin a répondu aux nombreuses questions des auditeurs.
Nicolas DEMORAND : Bonjour. Nous vous écoutons. Bienvenue.
Laurent : Oui. Ma question est la suivante : comment peut-on avoir été aussi critique vis-à-vis de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle et faire partie de son gouvernement aujourd’hui, et ma question est de savoir : est-ce qu’il y a eu des échanges sur le fond qui vous ont amené l’un et l’autre à évoluer dans vos positions ? Et puis, enfin, quelle idée nouvelle, Monsieur Morin a apporté dans le débat public en France depuis cinq ans ? …
Nicolas DEMORAND : Eh bien, il va vous répondre Hervé Morin !
Hervé MORIN : Quelle idée nouvelle j’ai apporté dans le débat… Eh bien, écoutez, pour apporter des idées nouvelles, si je puis rappeler à notre auditeur, je faisais partie des lieutenants de François Bayrou, et donc les idées nouvelles que je défendais, c’était des idées que nous avions ensemble, déterminés dans le cadre de nos instances politiques. Donc en effet, ce n’était pas moi, à titre personnel, qui les annonçait, mais j’ai participé à cet effort de réflexion et j’ai tellement participé à cet effort de réflexion que j’ai été même chargé du projet en 2002 pour les élections présidentielles de 2002, dont je vous invite à relire toute une série de documents dont j’ai eu la charge, et dont j’ai eu la coordination en 2002, si vous voulez, je vous les enverrai si vous me donnez votre adresse.
Nicolas DEMORAND : Divorce d’avec François Bayrou, réconciliation, disait notre auditeur, avec Nicolas Sarkozy, pourquoi ?
Hervé Morin : Eh bien, je l’ai expliqué rapidement tout à l’heure, au soir du premier tour de l’élection présidentielle, les choses étaient simples… François Bayrou avait effectué un magnifique parcours, il avait 6.700.000 voix, et la question qui se posait, c’est comment faire en sorte que ceux qui avaient voté pour les idées de François Bayrou puissent être entendus et compter dans les cinq années qui viennent ; il y avait deux façon de voir les choses, la première, c’est le chemin qui a été celui de François Bayrou, et un autre, un autre chemin qui est celui que j’ai défendu avec beaucoup de parlementaires, qui était de dire : posons les conditions d’un accord de gouvernement avec six, sept, dix conditions, qui sont les six, sept, dix points incontournables d’un programme de législature, sur les cinq années qui viennent. François Bayrou n’a pas voulu s’engager dans cette démarche, sans d’ailleurs jamais discuter avec les instances politiques de notre formation, décision qu’il a prise tout seul, et nous, on entendait, par voie des micros et des caméras et des télévisions, quel était l’avenir de notre formation politique. Mais toujours est-il que nous, nous considérions qu’il y avait une autre façon, qui était une façon constructive, et qui n’était déjà pas de se porter à l’élection présidentielle, qui était celle de 2012. Quant au…
Nicolas DEMORAND : Mais le constat politique fait par François Bayrou, non pas ni droite ni gauche, mais en tout cas, essayer d’inventer une troisième voie, est-il, Hervé Morin, d’après vous, totalement périmé ?
Hervé MORIN : Je termine sur ce que…
Nicolas DEMORAND : La question est importante, et je vous la pose…
Hervé MORIN : Non, non, mais je termine sur l’autre question…
Nicolas DEMORAND : Et je vous la reposerai…
Hervé MORIN : D’accord. Quant à ce que, quand nous avons pris… nous avons engagé la discussion avec Nicolas Sarkozy, il y a un certain nombre de points qui se trouvent dans le programme de législature, de la majorité, qui étaient des points que François Bayrou défendait durant la campagne présidentielle. Je vais prendre trois exemples :
1°) le Small Business Act à la française, il est dans le programme de législature, c’était une idée que défendait François Bayrou, c’est-à-dire une loi en faveur des petites et moyennes entreprises pour améliorer leur environnement juridique et fiscal, pour faire en sorte qu’elles aient accès aux commandes publiques.
2°) l’introduction de la proportionnelle au Parlement.
3°) l’idée que nous inscrivions dans une loi supérieure, c’est-à-dire loi organique, l’interdiction de déficit de fonctionnement à terme. Bon. Ça, ce sont des…
Nicolas DEMORAND : A terme ?
Hervé MORIN : Oui, mais bien sûr, à terme, on ne peut pas… d’où on vient, ça ne peut pas se régler…
Nicolas DEMORAND : C’était le cœur du programme de François Bayrou, en tout cas, sa vision économique…
Hervé MORIN : Et je termine sur un dernier sujet, nous disions durant la campagne qu’il fallait avoir des majorités qui soient plus larges que des majorités de premier tour. Ce que François Bayrou disait durant la campagne, Nicolas Sarkozy l’a fait, et il l’a fait au-delà de tout ce que les gens pouvaient penser.
Nicolas DEMORAND : Mais l’idée donc de créer une troisième voie, Hervé Morin, de créer une troisième voie au centre, qui soit au centre, centre, et non pas au centre, centre droit, comme vous l’avez dit tout à l’heure, est-ce que cette idée-là est périmée aujourd’hui ?
Hervé MORIN : Qu’il y ait une troisième voie, pourquoi pas, j’ai défendu cette idée, la seule chose, c’est que, au soir du premier tour, il faut que cette troisième voie, elle se dise : qu’est-ce que je fais si je ne suis pas en mesure d’être dans les deux premiers. La problématique, c’est que la troisième voie, ça a un sens jusqu’au soir du premier tour. Si vous n’êtes pas dans les deux premiers, si vous êtes dans les deux premiers, bien entendu, c’est vous qui avez les cartes en main, mais si vous n’êtes pas dans les deux premiers, il faut accepter l’idée de passer un accord, que cet accord soit avec les uns ou avec les autres, peu importe. Après chacun prenait ses responsabilités. Ce qu’on ne peut pas faire, c’est simplement considérer que la liberté, c’est la solitude et de donner rendez-vous déjà aux élections suivantes.
Bernard GUETTA : Ecoutez, ce n’est pas véritablement une question d’avoir ou de ne pas avoir les cartes en main, c’est une question d’affirmation d’une élite politique, et donc si on n’est pas parmi les deux premiers au soir du premier tour, eh bien, on continue à se battre sur ses idées, les idées…
Hervé MORIN : On se bat sur ses idées, mais on a le droit aussi quand on a expliqué pendant des mois et des mois, durant la campagne électorale, que le pays est profondément dans l’ornière, de considérer que quand un pays est dans l’ornière, on est plutôt dans la construction durant les cinq années qui viennent, plutôt que d’être dans la démarche qui est celle de se dire : je vais attendre le coup d’après. J’ajoute, j’ajoute que si cette démarche avait été celle validée par les électeurs, on aurait retrouvé des candidats du MoDem entre 15 et 20% au soir du premier tour des élections législatives. Or, la démarche qui a été celle de François Bayrou au soir du premier tour de l’élection présidentielle l’a amené à vendanger la moitié de son électorat.
Nicolas DEMORAND : Trois questions d’auditeurs, rapidement : le Nouveau Centre a-t-il des adhérents, Hervé Morin ? Et si oui, combien ?
Hervé MORIN : Nous avons des adhérents, et nous en avons tellement que nous n’aurons aucune difficulté pour arriver à reconstituer un maillage important…
Nicolas DEMORAND : Ça se compte en dizaines, en centaines, en milliers, en dizaines de milliers ?
Hervé MORIN : Nous avions, il y a quinze jours, plus de 2.500 demandes de pré-adhésions, nous allons être très rapidement, selon les calculs qu’on a faits entre parlementaires, autour de 10.000 adhérents.
http://www.le-nouveaucentre.org/index.php?option=com_content&task=view&id=45&Itemid=1=> Si on a déjà + de 10 000 adhérents, c'est très bien!! Je suis même ému
Et avec le temps...
En tout cas, c'est bien parlé
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Mar 26 Juin - 22:24
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